Les Griffes Ardentes
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 Histoire de Lhyra, comme jamais elle ne l'expliquera....

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lhyra

lhyra


Messages : 8
Date d'inscription : 26/10/2011
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Histoire de Lhyra, comme jamais elle ne l'expliquera.... Empty
MessageSujet: Histoire de Lhyra, comme jamais elle ne l'expliquera....   Histoire de Lhyra, comme jamais elle ne l'expliquera.... Icon_minitimeJeu 27 Oct - 11:28

[3 posts en 1, c'est long^^]


[Là, le commencement...]

Il était une fois, il y a maintenant quelques années de cela, vivaient prêt d'une petite clairière un homme et sa femme, les cheveux grisonnants, les tempes argentées, et quelques ridules supplémentaires au fur et à mesure que le temps passait. Cela faisait plus de vingt ans qu’ils vivaient en paix leur mariage, se contentant de peu, se contentant du bien. La vie n’a pas toujours été facile pour eux, entre les sécheresses qu’il fallait gérer pour arriver à se nourrir l’hiver, ou au contraire, les années où la pluie était-elle que le sol détrempé pourrissait de ne pouvoir sécher. L’argent manqua régulièrement, il fallu de nombreuses fois se contenter de quelques rares poireaux pour assurer les soupes de toute une semaine, se passer du bout de lard qui donnerait à la soupe un léger goût fumé. Mais ils firent avec, que pouvaient-ils bien faire d’autre.
Cependant, ces petits tracas de la vie qui peuvent vous gâcher bien des moments ne furent rien en comparaison de la stérilité de ce petit couple. Ils essayèrent des années durant de fonder une famille, priant chaque jour qu’Aristote leur accorde cette bénédiction. Qu’il soit beau ou laid, peu leur importait, ils souhaitaient juste avoir à aimer cette tierce personne qui embellirait leur vie. Mais les années passèrent et les espoirs s’amenuisèrent. Le temps commença à leur jouer des tours, affaiblissant leurs os, blanchissant leur chevelure, apportant les souffrances quotidiennes de longues douleurs articulaires. Et les années passées à pâtir de la faim et du manque d’enfant n’aidèrent pas. A quarante ans à peine, ils en paraissaient dix de plus. L’espoir de mettre au monde un jour un enfant s’étant estompé, ils continuèrent à avancer main dans la main, comme ils l’avaient toujours fait.

Cependant, sur un coup du sort auquel personne ne s’attendait, voilà qu’un miracle vint se loger, lors d’une nuit d’orage, dans le ventre de la quadragénaire. Ils remercièrent le ciel de nombreuses fois, se rendant chaque jour à l’église afin de montrer à Aristote à quel point ils étaient heureux de ce revirement de situation. Un enfant. A eux ! Ils n’y croyaient plus depuis si longtemps qu’ils pleuraient régulièrement le soir, les doigts enlacés, assis devant la cheminée. Et lors d’une magnifique journée ensoleillée, alors que le printemps venait tout juste d’apparaître, naquît une petite fille qui remplit leur cœur d’amour.
De paroles douces en câlins aimants, l'enfant grandit, heureuse et en pleine santé. Les premiers pas furent salués, aux premiers mots on versa quelques larmes, et lorsqu'elle fut en âge de comprendre la nature, ses parents se sentirent comblés. Il n'y eu pas à des kilomètres à la ronde, personnes plus heureuses que celles ci.
Malheureusement, comme chacun le sait, il n'y à rien de plus éphémère que ces petits instants de bonheur, aussi beaux que l'Ô combien mortel Papillon. Lorsque l’enfant eut 7ans, sa mère mourut d’une terrible angine qui la terrassa sans que son mari ne puisse y faire quoi que ce soit. Les années l’ayant fragilisée, elle ne put se battre et laissa son mari seul pour élever cette enfant intrépide et curieuse que le ciel leur avait apporté. Ils connurent quelques belles années ensemble, elle apprenant la vie alors que lui accueillait petit à petit la mort. Il s’était tellement battu toutes ces années pour apporter à sa famille de quoi être heureuse, qu’il sentait lentement s’insinuer dans ses veines une profonde fatigue que même les rires de sa fille ne purent faire oublier. Ainsi, lorsque la fillette atteignit l’âge de 10 ans, son père quitta à son tour le monde, la laissant seule en proie aux affres du destin…


...........



La pièce est exigüe, les murs sont humides, il règne entre ces quatre murs l’odeur âpre de la transpiration et de l’urine. Aucune fenêtre ni bougie pour éclairer l’endroit. La cellule, appelons la comme ça, n’est jamais aérée, il n’en voit pas l’intérêt. Tant qu’il y a assez de place, cela lui convient.
Ce soir il est d’humeur exécrable. Elle a osé se plaindre. Se plaindre ! Il fulmine, ses dents grincent tandis qu’il tapote la table de ses gros doigts de porc. Elle a morflé déjà. De baffes en coups de pied, les hématomes ont été redessinés. Et il a fallu qu’elle se mette à chialer, comme la morveuse qu’elle est. Lui qui l’a nourrit avec du pain rassit, qui lui offre son lit et son toit, elle ose se plaindre !
Il se lève, furieux, son énorme visage enfariné tremblant sous l’effet de la rage et s’approche de la remise. Accroupie dans un coin, elle ne réagit pas à sa venue, prie pour passer inaperçue, mais que nenni. Il est là pour elle. Sa grosse patte se referme sur le bras maigrelet afin de la traîner dehors. Elle peine à marcher, s’effondre plusieurs fois mais se relève sans se plaindre. Elle aimerait ralentir la cadence, trouver une excuse, se mettre à le supplier pour qu’il la laisse tranquille, qu’il la reprenne dans son lit, tout plutôt que le tombeau. Mais elle sait pertinemment que la sentence se prolongera si elle ose parler. Alors résignée, bien que terrifiée, elle se laisse entraîner dans son donjon.
Une nuit complète. Elle va devoir dormir dedans, alors qu’elle a à peine la place de s’y asseoir.
L’ogre en a voulu ainsi… D’une claque il l’envoie valser au fond de sa cage et referme sans pitié la porte sur elle. Il s’arrête quelques minutes et écoute… Une plainte de plus et...

Mais…

Le silence est là. Alors il s'éloigne et la laisse.
Maintenant il n’y a plus que Lhyra et le bruit de son souffle glacé pour les prochaines heures...

Il y a....

Il y a un parfum amer qui hante ce glacial matin d'hiver. Une légère odeur entêtante qui pénètre les narines et les laisses salies. Il y a quelques larmes salines ruisselant sur les joues sales d'une jeune fille défraîchie, bien trop jeune. Il y a des ongles noirs de terre et des pieds écorchés. Il y des cuisses et des bras bien trop maigres pour provoquer chez le passant le moindre sourire. Il n'y a là que pitié et peine. Un regard qui glisse et fuie, quelques reniflements, deux ou trois frissons et de petites accélérations dans une de ces ruelles qu'il ne fait pas bon de fréquenter.
Il y a Lhyra.

....

Guetter la nuit. Le jour. Qu'un rayon s'infiltre par dessous la porte. Guetter le temps qui passe. Compter les secondes. Trop de secondes. Bien trop nombreuses. Et bien trop de sanglots pour déchirer ce silence assourdissant. Bien trop.
Attendre. Attendre le jour suivant. Le jour d'après. Et encore. Encore. Encore Charivarit. Guetter et appréhender. S'accrocher aux souvenirs. Aux doux sourires de parents heureux. Aux baisers du soir, aux caresses dans les cheveux les nuits de cauchemars. S'accrocher malgré l'odeur infâme de l'enclos, au merveilleux parfum d'une mère partie bien trop rapidement.
Elle guette et attend. Patiemment. La chanson elle la connaît. De simple ritournelle il n'en existe plus. Ne reste plus que les aigus violents de violons malingres, les tambours battants la chamade et le souffle de la jeune musicienne. Finis les beaux jours. Finis le printemps. Charivarit est son quotidien. Charivarit est son destin. Il ne peut en être autrement. Immobile, les bras croisés contre sa poitrine, elle tente d'ignorer la douleur et les blessures. Alors elle compte, elle compte les secondes. Elle sait qu'il arrivera bientôt, et qu'il balancera pour la saluer, le Chat. Bien sûr, il ne la laissera pas longtemps avec elle. Qu'elle ne finisse pas par l'amadouer. Ce Chat sauvage et agressif, le poil noir ébouriffé, le regard vert et mauvais. Cet animal qu'il lui jette à chaque fois au visage, refermant la porte sur elle. Chat qui griffe. Chat qui mord. Chat qui siffle. Lhyra qui s'affole. Et comme à chaque fois, alors qu'elle tente de s'enfuir, se heurter aux murs durs de sa prison. Elle sait que dehors l'Ogre compte aussi. Il n'est pas pressé. Mais il aime ces derniers temps faire durer le plaisir. Puis ouvrir enfin. Délivrance.
Le soleil brille, mais elle ne le voit pas. Ne le sent pas. Souhaiterait tellement pourtant que ses rayons dorés réchauffent ses épaules nues, son coeur mort, son visage marqué. Pour elle, les nuages sont là. Constamment. A lui boucher la vue, comme lui lui bouche la bouche lorsqu'il la domine dans son lit.
Elle n'ose porter les yeux sur l'Ogre. Son Bourreau. Sur lui. Charivarit. Alors elle se contente de compter. Pendant qu'il l'entraîne de force à l'intérieur pour qu'elle nettoie de fond en comble la chaumière déjà reluisante, elle compte. Les coups de chiffon. Les assiettes propres. Les fissures dans le mur. Les tâches de vins sur la table. Ses propres bleus, ses cicatrices, ses blessures.
Elle compte le temps passé. Le temps à venir. Elle compte parce qu'elle sait très bien qu'un jour, tout se paie. Qu'un jour il va mourir. Oh oui elle le sait parfaitement. Elle compte les jours qu'il lui reste avant d'oser, avant de pouvoir, le tuer.

...

Il y a un parfum amer qui hante ce glacial matin d'hiver. Une légère odeur entêtante qui pénètre les narines et les laisses salies. Il y a quelques larmes salines ruisselant sur les joues sales d'une jeune fille défraîchie, bien trop jeune. Il y a des ongles noirs de terre et des pieds écorchés. Il y a des cuisses et des bras bien trop maigres pour provoquer chez le passant le moindre sourire. Il n'y a là que pitié et peine. Un regard qui glisse et fuie, quelques reniflements, deux ou trois frissons et de petites accélérations dans une de ces ruelles qu'il ne fait pas bon de fréquenter.
Il y a Lhyra, le visage ravagé, les mains ensanglantées.



Et il y a le soleil...



______________


Huit poutres....

Un courant d'air, un battement d'ailes, une voix chantante, rassurante l'accueillent. Un soupir de soulagement s'échappe des lèvres cramoisies de Lhyra. Elle n'est pas seule en effet, son Corbeau est là, tendant une main, laissant échapper un nom qu'elle ne devrait pas. Froncement de sourcils, elle observe la main tendue et se détend, esquisse un geste vers elle avant de se reprendre. S'avance et regarde les ombres que les flammes dessinent sur les parois rocheuses. Elle jette un œil derrière elle, fixe le jour déclinant à travers l'ouverture de la grotte et s'enfonce un peu plus vers les ténèbres...
Lentement, elle prend place prêt du feu, tend ses mains meurtries vers la chaleur et soupire de contentement. Puis se souvient de la question qu'a posé son amie... Charivarit... Elle frissonne une nouvelle fois et observe la brune encore debout.


Lhyra ne se souvient pas de tout.

Elle détourne le regard, plonge son regard assombri vers les flammes et se laisse bercer par le crépitement du feu. Plusieurs étincelles s'envolent, irradiant quelques secondes l'espace avant de s'éteindre à jamais. La fumée qui se dégage du bois mort s'insinue dans les narines de la brune qui inspire lentement l'odeur chaude et parfumée. Recueillant ses mains réchauffées prêts de son ventre, elle attend que son oiseau de bonheur s'installe, puis ferme les yeux. Quelques frissons lèchent son échine, elle replie ses jambes contre elle et les enlace, se balançant doucement d'avant en arrière.


Il n'y à pas de poutres ici.

Doucement, quelques notes s'élèvent dans l'air tandis que Lhyra fredonne et tente d'oublier Son Nom. Quelques part, au loin se cache son blond, son sourire, ses yeux sombres qui l'observent avec amour. Quelques part, loin de là. Loin derrière Charivarit.

Il l'attrape violemment et la balance contre un mur. C'est l'épaule qui reçoit ce coup ci, vagues de douleurs glissant le long de son bras, atteignant ses doigts engourdis par le froid. Elle grimace et tente de se relever, s'aider de son bras encore intact. Le coup part, la main s'écrase sur une joue humide. Elle s'échoue sur le sol, visage posé contre la terre fraîche, et ne bouge plus. Elle fixe le vide, agitée de spasmes qu'elle n'arrive pas à contrôler. Il l'observe quelques secondes. Y est -il allé trop fort? Oui. En a t-il conscience? Sûrement. Va -t-il pour autant arrêter? Non.

Elle se balance davantage, murmure tout bas et appelle son astre, serre plus fort ses paupières et cherche les rayons d'un Soleil amoureux qui viendrait l'envelopper de ses bras. Retrouver son odeur, sa douceur, sa chaleur. Retrouver la sécurité, son corps, sa voix, son sourire, et les six poutres au plafond empêchant le ciel de s'effondrer sur leur tête. De grotte il n'existe plus, pas plus que de Corbeau ou de feu. Il n'existe que l'image furtive d'un Soleil cherchant à s'immiscer devant celui d'un Charivarit haineux et pervers...

Soudain elle sent qu'il la relève, agrippant ses cheveux et la traînant de force dans sa chambre. Un coup de pied l'expédie sur la couche sale et puante du porc. Il se moque d'elle et l'injurie tandis qu'elle tente de repousser les mains baladeuses qui dégrafent le corset de la brune. Elle s'affole, sait qu'elle ne devrait pas pour ne pas à subir en plus de l'acte, le donjon. Pourtant elle ne se laisse pas faire, comme à chaque fois. Elle griffe, mord, balance pieds et mains et tente tant bien que mal de décourager son agresseur. Mais il aime ça la voir se débattre. Il adore ça. Surtout, il est plus fort qu'elle. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il l'a maitrisé et l'observe.

Elle secoue la tête, glisse ses mains sur ses oreilles, tente d'ouvrir les paupières mais flippe de retrouver le visage de son bourreau alors cherche, cherche encore l'homme qu'elle aime, l'appelle, tremble et sanglote. Et parmi quelques Soleil, s'échappent un ou deux Charivarit. La voix de Lhyra change alors et devient plus aigu, plus grinçante.

Charivarit... Charivarit... Il glisse une main sur son cou et la force pendant l'éternité qu'il la domine, à le regarder et à prononcer son nom. Si elle refuse? Il la frappe. Alors elle s'exécute, le regard vibrant de haine, la voix étouffée d'angoisse. Elle tente de ne pas regarder ce visage imposé, son rictus, le retroussement caractéristique de ses lèvres, ses narines froncées. Alors elle fixe plus haut. Et regarde ses cheveux. Sa chevelure brune qui aurait pu être belle si elle n'était pas à lui. Charivarit ne voit rien de tout ça. Charivarit ne fait pas attention. Charivarit rit.
Elle se concentre sur ses mèches grasses et, prononçant son prénom encore et encore afin de l'exciter davantage pour qu'il termine plus vite ses affaires, elle songe au Soleil. A cet astre lumineux qu'elle ne voit que trop rarement. Elle s'imagine arrosée de sa chaleur, insouciante, heureuse, courant à travers champs, seule et libre.

Il n'y à plus de Soleil s'échappant des lèvres de la brune paniquée. Il n'y à presque plus de Charivarit. Il n'y à plus que les gémissements étouffés de Lhyra.

Il s'est effondré sur elle et laisse son souffle se calmer tandis qu'enfin elle fixe le plafond et compte les poutres. Huit. Il y à huit poutres. Huit poutres pour supporter les dernières minutes....
Enfin, il se redresse, et sans un regard pour elle, quitte la pièce. Le corps immobile, elle compte encore et toujours. Le temps de retrouver son calme et ses esprits. Lentement son visage roule sur le côté, son regard glisse vers la fenêtre. Dehors il fait beau. Dehors. Un jour, elle l'aura son soleil.... Un jour.

Combien de temps cela a duré? Quelques secondes. Quelques minutes à peine. Le temps d'un flash. Lentement elle rouvre les paupières, la respiration coupée, elle glisse un regard vers le visage anxieux de son Corbeau et frissonne à nouveau. Des comme celui ci, elle en a plusieurs fois par semaine. Une à deux fois par jour en moyenne. C'est encore beaucoup. C'est peu pourtant. Depuis eux, depuis Lui surtout. C'est peu.
Elle inspire profondément et détourne le regard.


Non. Lhyra ne se souvient pas bien....
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